Donald Trump Jr, puis Eric Trump, les deux fils de Donald Trump poursuivis avec lui au procès civil pour de vastes fraudes financières qui menace l’empire familial, ont tenté de faire bloc jeudi au tribunal face au feu roulant des questions de l’accusation.
L’un après l’autre, l’aîné Donald Jr, 45 ans, puis le cadet Eric, 39 ans, entendus à la barre jeudi, ont adopté la même ligne de défense: ils ne s’occupaient pas des déclarations financières au centre du procès, une tâche laissée aux comptables.
Donald Trump père et ses deux fils sont accusés par le parquet général de l’État de New York, en tant que dirigeants de la Trump Organization, d’avoir gonflé, à hauteur de milliards de dollars, les valeurs des actifs du groupe dans les années 2010 pour obtenir des prêts plus favorables auprès des banques et de meilleures conditions d’assurance.
Allure impeccable comme son frère aîné, en costume chic et cravate bleu argent, Eric Trump est venu déposer à la barre jeudi, et a immédiatement assuré qu’il n’avait «pas travaillé» sur les états financiers annuels de Donald Trump, sortes de photographies de sa fortune listant la valeur de ses propriétés, comme la Trump Tower et le gratte-ciel du 40 Wall Street à New York, la résidence «Seven Springs» dans sa grande banlieue ou encore des golfs.
Ces documents sont cruciaux pour l’accusation, pour qui les valeurs étaient gonflées de manière colossale, à hauteur de milliards de dollars, pour séduire les partenaires financiers.
Le représentant du parquet général, Andrew Amer, montre alors plusieurs documents, affichés sur l’écran du tribunal, jusqu’à un courriel reçu le 23 août 2013 par Eric Trump: un cadre s’adresse à lui à propos des «notes» pour «la déclaration financière annuelle de M. Trump» et lui demande des précisions.
Sous le feu des questions, Eric Trump perd un peu sa patience et sa voix, jusqu’ici cordiale, s’élève: «nous sommes un immense groupe dans l’immobilier, bien sûr qu’il y a des déclarations financières», lâche-t-il.
«Fact-checking»
«Je ne m’en souviens pas», «je faisais confiance aux comptables», a aussi répété Donald Trump Jr, confronté à une longue série de documents financiers qu’il était censé avoir validé, en tant que vice-président exécutif de la Trump Organization, ou sur lesquels apparaît sa signature.
Parmi eux, la représentante du parquet général, Colleen Faherty, lui soumet le courriel d’un journaliste du magazine financier Forbes du 3 mars 2017, contenant une longue série de questions sur la fortune de Donald Trump.
Avec pour objet «URGENT enquête fact-checking de Forbes», le long questionnaire émettait des doutes sur la véritable surface du triplex de Donald Trump dans la Trump Tower.
Adressé à un responsable de la Trump Organization, il avait été transféré ensuite à Donald Trump Jr, son frère Eric et le directeur financier de la Trump Organization, Allen Weisselberg. «C’est dingue tout ce qu’il y a là-dedans», avait répondu Donald Trump Jr dans un courriel.
Devant le tribunal, il ne se souvient pas bien de l’épisode. A-t-il engagé des vérifications? «Je ne sais pas si j’en ai fait».
Le triplex de Donald Trump fait partie des exemples cités par l’accusation, car sa valeur aurait été déclarée sur la base d’une surface près de trois fois supérieure à la réalité (2.700 mètres carrés contre 1 000), ce qui aurait permis de l’évaluer à 327 millions de dollars.
Depuis mercredi, le tribunal assiste à un défilé du clan familial. Après Donald Trump Jr et Eric Trump, dont l’audition se poursuit jeudi, ce devrait être le tour, lundi, de Donald Trump lui-même.
Ce procès n’est qu’un des nombreux ennuis judiciaires de l’ancien président des États-Unis, inculpé au pénal dans quatre autres dossiers, dont celui devant la justice fédérale à Washington sur les accusations d’avoir tenté de renverser les résultats de la présidentielle de 2020.
Plusieurs procès pénaux l’attendent ainsi en 2024, en pleine campagne pour les primaires du camp républicain que Donald Trump espère remporter pour se présenter à la Maison Blanche dans un an.
S’il ne risque pas de peine de prison dans le procès civil, l’affaire pourrait lui faire perdre le contrôle d’une partie de son empire immobilier, en plus d’une amende de 250 millions de dollars et l’interdiction de gérer des sociétés à New York.