Invité aux Journées d’été d’Europe Ecologie-Les Verts et de LFI, le chanteur jure qu’il combat autant l’antisémitisme que le racisme, malgré des propos récents et des soutiens embarrassants.
Médine a donné rendez-vous à La Grande Ecole, un ancien établissement scolaire du centre-ville, rénové en centre de formation et vaste hôtel-restaurant dans le pur style bobo chic de Brooklyn ou de l’Est parisien. Comme si le rappeur de 40 ans, qui a enveloppé sa large carrure d’une surchemise blanche, voulait lui aussi convaincre de sa propre métamorphose.
L’apôtre du « rap conscient », réputé pour ses textes aussi ciselés qu’engagés, marche sur un fil tendu au-dessus du vide. L’annonce de sa venue aux Journées d’été d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le 24 août, dans « sa » ville, alimente la polémique. Les maires EELV de Bordeaux et de Strasbourg, Pierre Hurmic et Jeanne Barseghian, ont décidé de boycotter l’événement en raison de sa présence. Le ministre de l’industrie, Roland Lescure, lui aussi, a renvoyé son carton d’invitation, tout comme l’édile du Havre, Edouard Philippe. En cause : la nature antisémite d’un tweet de Médine contre l’essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déportés, qualifiée de « resKHANpée ».
Malgré les protestations, la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, a maintenu le dialogue prévu avec le Havrais, arguant sur France Inter que ce serait l’occasion de « parler d’antisémitisme » pour mieux le faire « reculer ». Le rappeur se défend : « Il n’y a rien d’antisémite dans ce tweet », dont il s’est excusé. Juste de la « maladresse » et de l’ignorance, dit-il, quant à « l’histoire de la famille » de Rachel Khan. « Je fais partie de ceux qui placent sur la même ligne la lutte contre l’antisémitisme et celle contre le racisme antimusulmans, assure Médine. Pour moi, ce sont les mêmes mécanismes qui s’exercent envers ces populations-là, et je les combats. » Dans le titre RER D (2008), il lançait que l’antisémitisme « est un cancer, tout comme l’islamophobie ».