Dans une lettre ouverte adressée ce mercredi 6 novembre 2024, le Collectif des Anciens Maires Intérimaires d’Haïti (CAMIH) exprime son inquiétude quant à l’évolution critique de la situation sécuritaire du pays. Les anciens maires rappellent au Premier Ministre Garry Conille qu’il n’a toujours pas respecté les engagements pris lors de sa prise de fonction il y a quatre mois, notamment sa promesse de « récupérer les territoires perdus » en lançant un vaste chantier sécuritaire.
Selon le CAMIH, non seulement les efforts de sécurisation sont absents, mais les zones sous contrôle des groupes armés semblent s’étendre, aggravant ainsi l’instabilité nationale. La lettre du collectif évoque les récents actes de violence, qualifiés de « barbares et sans précédent », citant le massacre de Pont-Sondé perpétré par le gang « Gran grif » de Savien, et déplore que les principaux axes routiers restent sous la coupe des gangs armés, rendant toute circulation sécurisée de plus en plus difficile.
Le CAMIH fait également part de son inquiétude concernant les tensions persistantes entre le gouvernement et le Conseil présidentiel de Transition (CPT). Dans un contexte où le pouvoir exécutif est bicéphale, le collectif souligne que le cabinet du Premier Ministre Conille, n’étant pas issu du Parlement, dépend directement du CPT, responsable de sa nomination. Pour le CAMIH, un manque de coordination et d’harmonie entre ces deux branches de l’exécutif nuit gravement à la gouvernance du pays et compromet la stabilité attendue par la population haïtienne.
Le CAMIH exhorte le Premier Ministre à répondre aux besoins urgents de la population, en particulier en matière de sécurité, devenue une priorité nationale. « Si les attentes du peuple ne sont pas satisfaites, nous vous encourageons à en tirer les conséquences et, le cas échéant, à présenter votre démission, afin qu’un nouveau cabinet puisse être constitué pour répondre aux besoins pressants de la nation », conclut le collectif.
Avec une situation sécuritaire de plus en plus préoccupante et un climat politique tendu, le CAMIH met en garde contre l’impact de cette dégradation sur tous les plans, insistant sur l’urgence d’actions concrètes pour restaurer la confiance des citoyens en leurs dirigeants.