L’armée israélienne annonce avoir achevé «l’encerclement» de la ville de Gaza

Israël a annoncé jeudi avoir achevé «l’encerclement» de la ville de Gaza après une semaine de combats au sol contre le Hamas et des frappes meurtrières sur le territoire palestinien, où quatre écoles de l’ONU abritant des déplacés ont été touchées jeudi

Les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza vivent depuis le début de la guerre le 7 octobre sous les bombardements incessants menés par Israël, qui a promis «d’anéantir» le Hamas, au pouvoir dans le territoire, en représailles à l’attaque sanglante lancée sur son sol par le mouvement islamiste.

Pour la branche armée du Hamas, «Gaza constituera une malédiction pour Israël». Les Israéliens doivent s’attendre au «retour de davantage de (leurs) soldats dans des sacs (mortuaires) noirs», a averti jeudi le porte-parole des brigades al-Qassam.

Après une semaine de combats acharnés contre le Hamas dans le nord du territoire, les soldats israéliens ont «achevé l’encerclement de la ville de Gaza», où se trouve le «centre de l’organisation terroriste Hamas», a annoncé le porte-parole de l’armée, le général Daniel Hagari.

Alors que les craintes d’un embrasement régional sont vives, Israël a aussi annoncé avoir lancé une «vaste frappe» jeudi dans le sud du Liban sur des cibles du mouvement libanais Hezbollah, allié du Hamas, en riposte à des tirs qui ont fait deux blessés dans la ville de Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël.

Ces tirs ont été revendiqués par la branche armée du Hamas au Liban. Ils interviennent à la veille du premier discours depuis le début de la guerre du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui devrait déterminer si sa puissante formation va engager le Liban de plain-pied dans le conflit.

Dans le sud de la bande de Gaza, des centaines de blessés palestiniens, de binationaux et d’étrangers fuyant la guerre ont été évacués jeudi, via le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte, seule fenêtre sur le monde pour le territoire assiégé par Israël et plongé dans une situation humanitaire catastrophique.

Après le départ mercredi de plus de 400 personnes, 21 Palestiniens blessés ont été évacués vers des hôpitaux égyptiens et 344 étrangers, dont 72 enfants, ont également traversé la frontière, selon les autorités égyptiennes.

L’Égypte a affirmé se préparer à accueillir jusqu’à «7000» étrangers de «plus de 60» nationalités, sans donner de calendrier.

Ces évacuations, qui ont fait l’objet d’un accord tripartite Israël-Hamas-Egypte, avec l’implication des États-Unis et du Qatar, constituent une rare éclaircie dans une guerre qui a déjà fait des milliers de morts.

«Nous avons vu des choses que nous n’avions jamais vues auparavant, cette guerre est la pire que le peuple palestinien ait connue», a dit à l’AFP Shams Shaath, détentrice d’un passeport américain, qui patientait au poste-frontière parmi des dizaines de femmes, d’enfants et de personnes âgées.

Parmi les personnes évacuées jeudi figurent des Américains, mais aussi des Belges, des Grecs et des Croates, selon une liste fournie par les autorités égyptiennes.

Pendant ce temps, plus au nord dans la bande de Gaza, les combats au sol ont continué de faire rage, de plus en plus «rapprochés» selon l’armée.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, a déclaré que les soldats «s’infiltraient de plus en plus profondément» dans les secteurs tenus par le Hamas et se battaient «face à face avec un ennemi brutal».

L’armée, qui a fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre, a affirmé avoir tué des «dizaines» de combattants ennemis durant la nuit.

Selon l’armée, 242 otages, israéliens ou étrangers, sont encore aux mains du mouvement islamiste palestinien, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

Du côté israélien, au moins 1400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils tués le jour de l’attaque du Hamas, d’une ampleur et d’une violence inédites depuis la création d’Israël en 1948.

Dans la bande de Gaza, plus de 9000 personnes, dont 3760 enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens, selon un nouveau bilan du Hamas jeudi.

Jeudi également, le Hamas a affirmé que les frappes israéliennes de mardi et mercredi contre le camp de réfugiés de Jabaliya, le plus grand de la bande de Gaza, dans le nord du territoire, avaient fait 195 morts et 120 disparus.

Selon l’ONU, quatre de ses écoles abritant des déplacés ont été bombardées jeudi, deux dans les camps de Jabaliya, frappé pour le troisième jour consécutif, et de Chati, dans le nord de la bande de Gaza, et deux autres à Boureij, plus au sud. Ces frappes auraient fait 23 morts selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Le ministère de la Santé du Hamas avait fait état de 27 morts dans un bombardement israélien près de l’école de l’ONU à Jabaliya et de cinq autres dans celle de Chati. La Défense civile à Gaza avait donné un bilan de 15 morts dans un bombardement dans le camp de Boureij, sans mentionner les écoles.

Le Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU avait estimé mercredi que les bombardements sur le camp de Jabaliya, qui abrite 116 000 réfugiés, pourraient constituer «des crimes de guerre».

Dans la ville de Gaza, des habitants sont venus chercher refuge près de l’hôpital Al-Qods. «Ce n’est pas une vie. Nous avons besoin d’un endroit sûr pour nos enfants», a raconté à un journaliste de l’AFP Hiyam Shamlakh, 50 ans. «Tout le monde est terrifié. Les enfants, les femmes, les personnes âgées».

Depuis le 9 octobre, le «siège complet» de la bande de Gaza prive la population de livraisons d’eau, de nourriture et d’électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Soixante-et-un camions transportant des médicaments et de la nourriture sont arrivés mercredi à Gaza selon les autorités israéliennes, et plus de 200 depuis le 21 octobre d’après l’ONU, qui réclame une aide plus massive.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé jeudi que 14 hôpitaux sur un total de 36 et deux centres spécialisés n’étaient plus opérationnels, en raison de la guerre et du manque de carburant.

Dans un contexte régional très tendu, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit retourner en Israël vendredi puis se rendre en Jordanie. Il a déclaré qu’il demanderait à Israël de prendre des «mesures concrètes» pour épargner les civils à Gaza.

À la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 66 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l’AFP, dont 48 combattants du Hezbollah. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.

La guerre a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où près de 130 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l’Autorité palestinienne.

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