Le Premier Ministre haïtien, Ariel Henry, a annoncé sa démission dans un message pré enregistré le 11 mars 2024, plongeant le pays dans un état de crise politique et sécuritaire. Ses mots, “Face à la situation actuelle, aucun sacrifice n’est trop grand pour Haïti”, semblent sonner comme une capitulation dans un contexte où les défis se multiplient.
Nommé par le président Jovenel Moïse, assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, Ariel Henry a pris les rênes du pays dans une période déjà très tumultueuse sur le plan politique. Depuis son investiture le 20 juillet 2021, il a été confronté à une série de défis majeurs, dont les divisions profondes au sein de la société haïtienne.
Un accord signé le 11 septembre 2021 avec plusieurs partis politiques de l’opposition et de la société civile n’a pas réussi à apaiser les tensions, surtout avec le groupe contestataire Montana. Les appels de la communauté internationale pour un accord plus inclusif ont souligné les difficultés à réunir un consensus en Haïti.
Le 21 décembre 2022, un nouvel accord impliquant des membres du secteur privé et de la société civile a été signé, avec des objectifs ambitieux : création d’un Haut Conseil de la Transition, formation d’un nouveau Conseil Électoral Provisoire (CEP), révision constitutionnelle, élections générales et établissement d’un organe de contrôle gouvernemental. Malheureusement, seuls des progrès limités ont été réalisés, principalement la mise en place du Haut Conseil de la Transition. Ce manque de suivi a renforcé les contestations.
La communauté internationale et la CARICOM ont tenté d’intervenir avec le Groupe de Personnalités Éminentes (GPE), composé d’anciens Premiers Ministres de la CARICOM. Cependant, malgré plusieurs réunions en Jamaïque et en Haïti, aucun accord n’a été conclu.
Dans un geste sans précédent, Ariel Henry a quitté le pays le 25 février 2024 pour assister à la 46ème réunion des chefs de gouvernement de la CARICOM. Son absence a coïncidé avec une série d’attaques violentes menées par des gangs armés, libérant plus de 4000 prisonniers, attaquant les infrastructures de sécurité et pillant des entreprises commerciales.
Les annulations de vols des compagnies aériennes vers et depuis Haïti ont ajouté à l’isolement du pays. Lorsqu’il a tenté de rentrer via la République dominicaine, Ariel Henry s’est heurté au refus des autorités d’autoriser l’atterrissage de son avion. Contraint de dévier sa trajectoire, l’avion a finalement atterri à Porto Rico. Depuis, Ariel Henry demeure bloqué à l’extérieur de son pays, laissant une nation en proie au chaos.
Cette série d’événements soulève des questions critiques sur la gestion de la crise par Ariel Henry et son gouvernement. Les accords signés mais non mis en œuvre, les divisions persistantes au sein de la société haïtienne et l’escalade de la violence armée ont conduit à une situation où la démission du Premier Ministre semble être le dernier recours. Haïti se retrouve donc à un moment charnière, avec un avenir politique incertain et des défis considérables à relever pour restaurer la stabilité et la sécurité.