Comment la République dominicaine bafoue les droits des migrants haïtiens

La République dominicaine est sous le feu des critiques des organisations internationales et des autorités haïtiennes pour sa politique de rapatriement massif et brutal des migrants haïtiens qui vivent sur son territoire. Ces dernières semaines, des milliers d’Haïtiens ont été arrêtés, détenus et expulsés vers leur pays d’origine, sans respecter les normes internationales et les principes applicables en matière des droits des réfugiés.

Le Groupe de Soutien aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR), une organisation non gouvernementale haïtienne, a dénoncé les mauvais traitements infligés aux migrants haïtiens par les autorités dominicaines lors des rapatriements. Selon le GARR, les migrants haïtiens sont transportés dans des véhicules en très mauvais état, bondés et sans sécurité, et sont laissés à la merci des arnaqueurs et des voleurs aux postes-frontières. Ils ne reçoivent aucune copie de l’ordonnance d’expulsion, aucune assistance juridique, ne sont aucunement informées de leur rapatriement et sont enfermées dans des centres de rétention surpeuplés pendant plus de 48 heures en violation de la Constitution.

En outre, ils sont laissés à la merci des arnaqueurs et des voleurs aux postes-frontières sans en aviser les autorités consulaires de leur pays d’origine pour leur fournir les soins médicaux ou psychologiques dont ils ont besoin. Une pratique qui viole effectivement les droits des personnes expulsées, dénonce l’organisation binationale de défense des droits de l’homme.

La République dominicaine justifie sa politique de renvoi des migrants haïtiens par la lutte contre l’immigration irrégulière et la protection de sa souveraineté. Elle affirme respecter les accords bilatéraux signés avec Haïti en matière de migration et de rapatriement. Elle nie également toute discrimination ou racisme à l’égard des Haïtiens, qui constituent près de 87 % de la population migrante dans le pays.

Cependant, ces arguments ne convainquent pas les organisations internationales, qui s’alarment des dérives dans le traitement des populations migrantes par Saint-Domingue. Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a demandé que les expulsions vers Haïti cessent, étant donné les crises humanitaires et des droits de l’homme auxquelles le pays est confronté. Il a également appelé à garantir le droit à la demande d’asile et à éviter les retours forcés ou collectifs, interdits par le droit international.

De même, le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, a exprimé sa préoccupation face à la situation des migrants haïtiens en République dominicaine et a appelé au dialogue et à la coopération entre les deux pays. Il a également souligné la nécessité de respecter les droits humains et la dignité des personnes déplacées.

La tension est encore montée d’un cran ces derniers jours des deux côtés de la frontière. Pour protester contre la politique offensive de renvoi d’exilés depuis la rentrée, le gouvernement haïtien a annoncé la fermeture de sa frontière à Dajabón, ville frontalière du nord, réputée pour ses échanges commerciaux entre les deux pays. Deux jours plus tard, en riposte, plusieurs dizaines de commerçants dominicains dénonçaient le chantage et bloquaient les accès routiers avec leurs camions.

Cette crise migratoire révèle les profondes fractures qui existent entre les deux pays, qui partagent une longue histoire de conflits et de coopération. Elle met également en lumière les difficultés et les souffrances des Haïtiens, qui fuient la misère, la violence et l’instabilité de leur pays, à la recherche d’un avenir meilleur. Elle appelle à une réponse solidaire et respectueuse des droits de l’homme, qui prenne en compte les causes profondes de la migration et les besoins des personnes déplacées

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