Deux dirigeants du groupe d’extrême droite américain Proud Boys a été condamné jeudi 31 août à dix-sept et quinze ans de prison pour leur rôle dans l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021 à Washington.
Les procureurs avaient réclamé trente-trois ans de prison contre Joseph Biggs, un ancien militaire qui a servi en Irak et en Afghanistan, pour avoir conduit quelque 200 membres des Proud Boys au Capitole, siège du Congrès aux Etats-Unis, afin de tenter d’y empêcher la certification de la victoire de Joe Biden sur Donald Trump.
Ils avaient requis trente ans contre Zachary Rehl, ancien marine, fils et petit-fils de policiers de Philadelphie (nord-est), pour avoir participé à la coordination de l’assaut, aspergé un policier de gaz irritant et avoir ensuite menti sous serment en niant avoir agressé qui que ce soit.
Il s’agit de deux des plus lourdes peines prononcées par la justice américaine dans cette affaire, même si la plupart des commentateurs juridiques s’attendaient à des sentences plus sévères. Le juge Timothy Kelly a pris en compte des circonstances aggravantes pour faits de terrorisme demandées par les procureurs, mais souligné qu’il n’avait pas suivi les réquisitions au motif que les prévenus « n’avaient pas eu l’intention de tuer ».
Cette journée du 6 janvier 2021 « a brisé notre tradition de passation pacifique du pouvoir, l’une des choses les plus précieuses que nous avions en tant qu’Américains », a déploré le juge, insistant sur le fait que ce temps était révolu.
« Le 6 janvier a été un jour méprisable », a hoqueté à la barre, secoué de sanglots, Zachary Rehl, qui comme Joseph Biggs avant lui a exprimé ses regrets et son dégoût de la politique. « Je sais que j’ai mal agi ce jour-là mais je ne suis pas un terroriste », avait assuré ce dernier, cheveux et barbe gris, révélant des tatouages sur ses avant-bras, en larmes à plusieurs reprises à l’évocation de sa fille et de sa mère.
Depuis l’attaque du 6 janvier 2021, plus de 1 100 personnes ont été arrêtées et inculpées. Plus de la moitié ont été condamnées, en majorité à des peines de prison ferme. La plus lourde peine prononcée à ce jour, dix-huit ans de prison, l’a été à l’encontre du fondateur de la milice d’extrême droite Oath Keepers, Stewart Rhodes.
Dans ses arguments écrits au tribunal en vue des audiences de jeudi, Norman Pattis, qui représente à la fois MM. Biggs et Rehl, souligne que c’est seulement après des centaines de condamnations de « citoyens ordinaires » que « l’ancien président des Etats-Unis a été inculpé pour son rôle dans les événements de ce jour ».
Donald Trump a été inculpé en août par un tribunal fédéral à Washington et par la justice de l’Etat de Géorgie (sud-est) pour ses tentatives d’obtenir l’inversion des résultats de l’élection de 2020. « Il apparaît que ceux qui avaient le plus à gagner de la perturbation du comptage des votes le 6 janvier 2021 ont été les derniers à être poursuivis », s’est-il étonné.