Les Haïtiens vivant en République dominicaine subissent des politiques migratoires qualifiées de racistes par Amnesty International. L’organisation internationale de défense des droits humains a exhorté le président dominicain, Luis Abinader, à cesser immédiatement ces pratiques et à mettre en avant le respect des droits humains.
Dans un communiqué, Amnesty International a demandé aux autorités dominicaines de mettre fin au profilage racial, au racisme structurel et à la discrimination raciale qui affectent principalement les migrants haïtiens et les Dominicains d’origine haïtienne. L’organisation appelle à des politiques qui respectent la dignité humaine et l’intégrité physique des personnes concernées.
Avec l’entrée en fonction de Luis Abinader, Amnesty International espère voir un engagement renouvelé pour surmonter les défis en matière de droits humains. Ana Piquer, directrice du programme Amériques d’Amnesty, a souligné la nécessité de politiques migratoires qui garantissent le respect des droits de tous les individus.
Depuis 2022, la République dominicaine a intensifié les expulsions de ressortissants haïtiens, devenant le pays ayant expulsé le plus grand nombre d’Haïtiens malgré les appels du Haut-Commissariat des Nations Unies pour cesser les retours forcés vers Haïti. En 2023, pas moins de 208 166 Haïtiens ont été expulsés, dont plus de 20 000 adolescents et enfants. En 2024, 98 594 expulsions ont été enregistrées, incluant plus de 5 000 mineurs.
Amnesty International critique ces expulsions, souvent collectives, comme une violation du principe de non-refoulement et du droit d’asile. L’organisation rappelle que les expulsions collectives violent les obligations internationales de la République dominicaine, car elles ne permettent pas une évaluation individualisée des besoins de protection de chaque personne.
Amnesty souligne également les tensions provoquées par la construction d’un canal sur la Rivière Massacre, partagée par Haïti et la République dominicaine. Cette situation a conduit à la suspension de la délivrance de visas aux Haïtiens, la militarisation de la frontière, et la mise en œuvre de contrôles biométriques. La fermeture de certaines voies légales d’accès à la République dominicaine limite les options de regroupement familial et l’accès à l’éducation et au travail pour les Haïtiens.
L’organisation a reçu des témoignages alarmants de victimes et d’organisations locales, et a visionné des vidéos qui montrent des opérations migratoires discriminatoires et déshumanisantes, ainsi que les conditions de détention inhumaines dans les centres dominicains. Amnesty International exhorte les autorités dominicaines à respecter le principe d’égalité et de non-discrimination dans leurs politiques migratoires.