Ce lundi marque le 86eme anniversaire du massacre de plus de 30 mille haïtiens et dominicains d’ascendance haïtienne en République Dominicaine sous les ordres de l’ex-dictateur dominicain Raphael Leonidas Trujillo.
Intervenant sur les ondes de radio kiskeya, le vice recteur à la recherche à l’université publique du Nord-Est, le professeur Maismy Mary Fleulant rappelle que des Haïtiens furent massacrés alors même qu’ils tentaient de fuir en Haïti, en traversant la rivière qui sépare les deux nations et qui porte le nom fatidique de « Rivière massacre ».
Il fustige le gouvernement d’alors de Sténio Vincent qui n’avait pas eu le courage de défendre valablement nos compatriotes. Il avait opté pour une politique de compromission et de soumission face à Trujillo.
C’était un drame ayant soulevé l’indignation et la colère des haïtiens, a dit l’enseignant-chercheur.
Appelé également en République Dominicaine Massacre de Perejil, le dictateur dominicain avait prononcé un discours à Dajabón dans lequel il a poussé à l’extrême le sentiment national et encouragé les Dominicains à se débarrasser des Haïtiens présents sur leur territoire.
Le dictateur déclara : « J’ai appris que les Haïtiens volent de la nourriture et du bétail aux fermiers. Aux Dominicains qui se plaignent de ces déprédations de la part des Haïtiens qui vivent parmi eux, je réponds : ‘Nous réglerons cette affaire.’ D’ailleurs, nous avons déjà commencé. Environ trois cents Haïtiens ont été tués à Banica. Et nous devons continuer à résoudre ce problème ».
Le Dr Jean Price-Mars explique : le carnage des Haïtiens, à l’arme blanche, commença dans la ville même. Femmes, vieillards, enfants, hommes valides, tout y passa. Ce fut dans cette nuit tragique un sauve-qui-peut formidable des résidents haïtiens de Dajabon et des environs, blessés ou non, à travers la rivière pour atteindre Ouanaminthe où l’alarme fut donnée.
L’historienne Suzy Castor a rapporté les témoignages de certains survivants, comme Osse Saint-Vil ou encore de Marguerite Pierrot qui perdit en une seule nuit son mari, ses neuf enfants, ses belles-sœurs, les trois enfants de celles-ci et sa mère.
Les habitants de Ouanaminthe furent les témoins horrifiés et impuissants du drame. Le curé de la ville, le Père Robert, fait état de nombreux cadavres enterrés à la hâte dans des fosses communes ou tout bonnement arrosés d’essence et brûlés.
A noter que le Centre Challenge, sous la direction du Professeur Watson Denis, avait publié un ouvrage de grande portée académique et scientifique ayant pour titre « Terreurs de frontière, le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 ».
En effet, pour M. Denis, « le massacre des Haïtiens en République dominicaine en 1937 a été réalisé avec un objectif politique très clair : contrôler (politiquement et militairement) la frontière haïtiano-dominicaine pour en faire une référence dominicaine
Lors de ce massacre, les victimes ont été dépouillées de leurs biens meubles et immeubles qu’elles avaient constitués depuis plusieurs générations par le fruit de leur travail et leur esprit d’entreprise.
Cet anniversaire arrive dans un contexte de tensions exacerbées entre les 2 pays autour de la construction du canal sur la rivière Massacre par les haïtiens.
Haïti est en train de construire un système d’irrigation, alimenté par les eaux de la Rivière Massacre dans le double objectif de contrôler ses crues et d’irriguer plus de 3.000 ha de terres dans la plaine de Maribaroux